Le candidat a deux heures et demie pour remplir les évaluations. Le résultat est livré sous la forme d’un pourcentage.
Pierre Cormon
Publié jeudi 08 mai 2025
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#EVA-EVAtech
Des tests d'aptitude gratuits permettent de cerner les compétences et les éventuelles lacunes des candidats pour accéder à une place d’apprentissage, de manière à les orienter au mieux. Il s’agit d’une particularité genevoise.
Pour bien des jeunes à la recherche d’une place d’apprentissage dans le canton de Genève, le Campus Spark est devenu une adresse incontournable. C’est là que des milliers d’entre eux passent les évaluations EVA et EVAtech – une Genferei très appréciée des entreprises formatrices. «Nous sommes très contents de disposer d’un tel outil», témoigne Rosine Azevedo, spécialiste jeunes talents chez Migros Genève.
Adéquation
Des employeurs veulent connaître le niveau des candidats dans les branches fondamentales – français, mathématique (ainsi qu’anglais pour les entreprises dont c’est la langue de travail). Il s’agit de s’assurer qu’ils pourront s’adapter aux exigences de l’apprentissage qu’ils visent et, si ce n’est pas le cas, de pouvoir leur proposer une solution (cours d’appui, réorientation vers une formation plus à leur portée, etc.) Pourquoi ne pas se fier aux notes scolaires? «Nous le faisons dans environ la moitié des cas», répond Rosine Azevedo. «Mais certains jeunes ont fait leur scolarité ailleurs et ne retrouvent plus leurs bulletins.» D’autres ont terminé l’école il y a plusieurs années, et leurs connaissances peuvent avoir évolué. Les notes, enfin, ne sont pas toujours faciles à interpréter. «Un 5 n’a pas la même signification dans les différents regroupements», relève Laurent Baechler, responsable formation professionnelle au sein du département formation de la FER Genève.
Evaluations
Un système plus lisible est donc né en 2011: ce qu’on appelait alors les tests EVA (on parle maintenant des évaluations EVA). Ils ont été conçus par l’Office pour la formation professionnelle et continue et les écoles professionnelles sur mandat du Conseil interprofessionnel pour la formation, un organe tripartite. Ils prennent la forme de questionnaires informatisés à choix multiples. «Le candidat a deux heures et demie pour les remplir et le résultat est livré sous la forme d’un pourcentage», détaille Stefanie Goncalves, du département formation de la FER Genève, qui organise les évaluations pour le compte de l’Association paritaire pour la formation professionnelle. «Chaque employeur ou chaque association professionnelle est libre de fixer des recommandations sur le pourcentage à atteindre pour telle ou telle profession», ajoute Laurent Baechler. Certaines formations nécessitent un niveau de français plus élevé – comme employé de commerce, où l’on rédige régulièrement. D’autres impliquent un bon niveau de mathématiques – comme charpentier, où l’on procède à de nombreux calculs.
Ensemble
Les évaluations EVA ne constituent cependant qu’un élément de décision parmi d’autres: le stage (souvent décrit comme l’élément clé), les entretiens, le parcours, la motivation. «Si un candidat nous intéresse, mais qu’il présente des lacunes, par exemple en mathématiques, nous signons le contrat et lui conseillons de prendre des cours d’appui avant le début de l’apprentissage», note Rosine Azevedo.
«Dans les métiers du transport, les résultats des évaluations ne sont jamais éliminatoires», précise Nils Rademacher, responsable de la formation professionnelle de la section genevoise de l'Association suisse des transports routiers. «Elles permettent en revanche aux entreprises de savoir à quoi s’attendre et de prendre le cas échéant des mesures pour soutenir le jeune dans telle ou telle matière.»
Unique en Suisse
Tous les coûts directs relatifs aux évaluations EVA et EVAtech sont pris en charge par la Fondation pour la formation professionnelle et continue. Cette structure est une autre Genferei. Tous les employeurs du canton participent à son financement en fonction de leur masse salariale. Les ressources sont utilisées pour financer des activités de formation professionnelle – notamment les cours interentreprises, gratuits dans le canton pour les entreprises formatrices comme pour les apprentis.
Utile?
Les évaluations ne sont utiles que si leurs résultats permettent de prédire raisonnablement les chances de succès d’un jeune dans une filière. Comment s’en assurer? «Lorsque nous avons commencé à avoir recours aux évaluations EVA, en 2012, nous avons demandé à tous nos apprentis en fin de première année de les passer», raconte Rosine Azevedo. «Cela nous a permis de déterminer le résultat que nous devions viser pour qu’un jeune n’ait pas de difficultés pendant son apprentissage.» Les objectifs définis à l’époque restent pertinents aujourd’hui.
On ne dispose pas encore d’autant de recul sur EVAtech. Une première évaluation a cependant été effectuée sur la cohorte des apprentis de première année des métiers de la mobilité. «Un jeune s’est trouvé en situation d’échec sans que nous puissions l’expliquer», relève Laurent Baechler. «La dizaine d’autres apprentis en difficulté ne se trouvait pas dans une filière qui correspondait aux recommandations d’EVA et d’EVAtech.»
«Le processus d’EVAtech est déjà très abouti, alors qu’il n’a été mis en place que l’an dernier», conclut Nils Rademacher. «Les évaluations sont cohérentes, on dispose d’un financement, de locaux adéquats et le tout est très bien piloté.»
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