Au premier plan: Flavien Claivaz, Ivan Slatkine et Nadine Gobet.
Véronique Kämpfen
Publié jeudi 02 octobre 2025
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#FER
Les FER régionales se sont retrouvées à Sion.
Les droits de douane américains ont été sur toutes les lèvres vendredi 19 septembre, lors de l’assemblée générale de la Fédération des Entreprises Romandes (FER) à Sion.
Si les Fribourgeois ont fait part de leurs inquiétudes au sujet des 14% de leurs exportations à destination des Etats-Unis, les représentants du Jura (18% des exportations) et de Neuchâtel (37%) ont eu des mots forts pour décrire la situation économique très difficile que vivent leurs cantons. La dépréciation du dollar, de l’ordre de 10%, s’ajoute aux droits de douane américains de 39%, ce qui signifie que les prix des produits suisses subissent une augmentation de 50%, a expliqué Patrick Riat, président de la FER Arc jurassien. Les conséquences sont la réduction de l’horaire de travail (RHT), des licenciements – une tendance qui se renforcera d’ici à la fin de l’année si la situation persiste – et de possibles délocalisations, ne serait-ce que dans l’Union européenne. Tous les secteurs économiques en souffriront par effet induit.
Les mesures de soutien ne peuvent venir que de la Confédération, juge Patrick Riat, qui rappelle que le Jura connaît déjà le taux de chômage le plus élevé de Suisse, avec 5,1% en août. Toute augmentation des salaires doit être gelée. Il est également urgent de diminuer les contraintes administratives sur les entreprises pour améliorer leur compétitivité. Roxane Zappella, directrice de la FER Neuchâtel, appelle aussi de ses vœux des RHT prolongées à vingt-quatre mois, tout en soulignant que cela ne suffira pas. Trouver de nouveaux débouchés d’exportation pour Neuchâtel, deuxième canton exportateur de Suisse, est essentiel. Elle salue à cet égard les contacts pris avec le Canada, où une délégation économique a pris des contacts. Si le taux de chômage à Neuchâtel s’élevait à 4,6% en août, il était de 7,2% dans l’horlogerie, un des secteurs les plus touchés par les droits de douane.
Patrick Gendre, président de l’Union patronale du canton de Fribourg, craint que le protectionnisme américain ait des répercussions sur l’Union européenne, qui doit se réinventer et se rapprocher de ses partenaires, dont la Suisse. Il met en avant la résurgence des tensions économiques et sociales liées notamment à la guerre commerciale, qui fragilisent l’équilibre mondial. Autre point d’inquiétude dans le canton de Fribourg: la prochaine votation, en novembre, sur l’introduction d’un salaire minimum de 23 francs de l’heure, indexé chaque année à la hausse. L’expérience genevoise montre que le salaire minimum a freiné la création d’emplois et qu’il est un mauvais signal pour le partenariat social. Les conventions collectives de travail permettent un équilibre négocié entre employeurs et employés. Il doit être maintenu. «Nous ne voulons pas que l’Etat s’immisce dans ces relations», explique Nadine Gobet. Patrick Gendre estime, de son côté, que les jeunes risquent de quitter leur formation professionnelle avant de l’avoir achevée, attirés par le montant élevé du salaire minimum, ce qui aura des répercussions délétères sur leur employabilité au cours de leur carrière.
En Valais, la charge administrative continue de croître, note Manfred Stucki, président de la FER Valais, ce qui nuit à la compétitivité des entreprises. Malgré une conjoncture globale qui ralentit, le canton a affiché une certaine résilience, portée par une bonne saison hivernale. En revanche, une météo défavorable a pesé sur le tourisme cet été. Au niveau viticole, les chiffres sont stables, mais la filière est sous tension en raison d’un manque de main-d’œuvre qualifiée. L’industrie, la santé et la restauration en manquent également.
Au bout du lac, les organisations multinationales souffrent des coupes budgétaires américaines, a expliqué Arnaud Bürgin, directeur général de la FER Genève et nouveau secrétaire général de la FER. «Notre ambition est de construire une Fédération dynamique, proche du terrain, capable de répondre aux défis des entreprises romandes. La complémentarité entre les régions est une richesse que nous voulons valoriser pleinement», se réjouit-il.
Sa nomination, ainsi que celle de Flavien Claivaz au poste de secrétaire général adjoint, a eu lieu lors de l’assemblée générale à Sion. «Ces deux nominations incarnent notre volonté de renforcer la transversalité entre les FER régionales et de porter une voix forte et unie de l’économie romande à Berne. Dans un contexte international instable et face aux défis économiques majeurs, notre Fédération doit faire preuve d’unité, d’agilité et de résilience», a souligné Ivan Slatkine, président de la FER.
L’assemblée officielle a accueilli Stéphane Ganzer, Conseiller d’Etat, qui a rappelé que le Valais est une terre d’innovation à un tournant industriel. De nombreuses infrastructures académiques et de recherche y ont trouvé un terreau fertile, résultat des investissements consentis ces dernières années.
L’orateur invité, l’ancien ambassadeur Andreas Schaller, fin connaisseur des Etats-Unis pour y avoir été en poste, a fait le point sur le contexte géopolitique incertain qui touche durement les entreprises suisses. L’économie suisse se distingue par une forte diversité, une belle capacité d’innovation et une grande flexibilité. Ces atouts lui ont permis de surmonter la crise financière de 2008, l'abolition du taux de change minimum du franc suisse face à l’euro en 2015 et de la pandémie en 2020.
Face à la situation de guerre commerciale actuelle, la politique a aussi un rôle à jouer en réduisant la bureaucratie, en favorisant l’ouverture des marchés par le biais des accords de libre-échange et en soutenant la recherche et la formation.
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