Praille-Acacias-Vernets: un défi aussi pour les entreprises

Nouveau quartier de l'Etoile (image de synthèse),
Nouveau quartier de l'Etoile (image de synthèse), Dupraz et Byrne
Grégory Tesnier
Publié le vendredi 16 février 2024
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#PAV L’aménagement du secteur Praille-Acacias-Vernets s’accélère. Des entreprises implantées sur ce territoire genevois imaginent leur futur, ici ou ailleurs.

Depuis le début des années 2010 et la publication des textes de loi permettant la mise en route du projet Praille-Acacias-Vernets (PAV), les actions pour le nouvel aménagement de cette zone n’ont pas suivi une dynamique continue.

Parfois, il y a eu des périodes où peu d’évolutions spectaculaires sont apparues, même si un intense travail préparatoire pouvait avoir lieu en coulisse. D’autres moments ont montré des accélérations ou des concrétisations sinon plus significatives, du moins plus visibles pour le grand public. Aujourd’hui, le projet PAV avance, et de plus en plus vite. Les annonces se multiplient, comme celle, récemment, concernant la politique d’attribution des droits de superficie sur les terrains de la Fondation PAV (qui possède 60% des surfaces constructibles du périmètre PAV). La Fondation PAV est l’une des trois composantes de l’opérateur urbain Praille-Acacias-Vernets. Les deux autres entités de cet opérateur – qui centralise depuis 2022 les missions des acteurs publics à une seule adresse: avenue de la Praille, 50 – sont la Fondation pour les terrains industriels de Genève (FTI), ainsi que la Direction PAV (service de l’Etat). Ensemble, chacun avec ses prérogatives et dans une collaboration étroite et constante avec les autres, la Direction PAV, la FTI et la Fondation PAV œuvrent pour donner corps au «plus grand potentiel de logements du canton» et pour «une opportunité de développement unique en plein cœur de la ville».

Communiquer, discuter...

Les entreprises sont-elles concernées par les transformations présentes et futures? Bien entendu, et d’abord parce que plus de mille six cents d’entre elles se situent sur le territoire Praille-Acacias-Vernets.

Certaines resteront. D’autres – environ cinq cents ou six cents, et notamment celles actives dans l’industrie – devront partir et se réinstaller ailleurs, pour toutes leurs activités ou seulement quelques-unes.

La vocation de la zone PAV change et il faut communiquer et expliquer aux anciens propriétaires ou locataires des lieux que des solutions existent pour accompagner une évolution du territoire qui se fera sur dix, quinze ou vingt ans (et même un peu plus). Discuter avec les entreprises est l’une des missions de la FTI. Au sein de l’opérateur urbain Praille-Acacias-Vernets, cette fondation de droit public joue un rôle d’écoute et de facilitation des démarches pour les industries et les PME qui se trouvent au cœur des changements. «Notre mission consiste à faciliter l’aménagement du secteur PAV sans créer un exode des entreprises hors du canton de Genève et sans perte d’emplois et de savoir-faire», explique Guillaume Massard, directeur général de la FTI. Cette dernière doit alors non seulement accompagner et relocaliser les entreprises concernées par les transformations de l’ensemble du secteur PAV vers des zones industrielles périphériques, mais encore valoriser l’un des périmètres du projet PAV (zone Praille-ouest) affecté à des activités mixtes (activités logistiques, artisanales et commerciales). Quelque vingt mille emplois sont concentrés aujourd’hui dans le secteur PAV et si beaucoup d’entre eux resteront dans la zone – par exemple les nombreux emplois qui appartiennent au secteur tertiaire –, d’autres seront déplacés, concomitamment avec le déménagement d’un certain nombre d’entreprises commerciales ou industrielles, petites ou grandes.

Droit distinct et permanent

Guillaume Massard fait la distinction entre plusieurs cas. Première situation: celle qui concerne les entreprises industrielles présentes aujourd’hui sur le secteur PAV et qui possèdent un droit de superficie (droit distinct et permanent: DDP). Ce DDP qui se déploie sur le temps long (plusieurs dizaines d’années; l’échéance moyenne est fixée à 2056) constitue une garantie pour les groupes industriels présents sur le secteur PAV qui peuvent projeter leurs activités économiques sur une période étalée. Le projet PAV modifie ces DDP, en lien avec la mise en œuvre des nouveaux plans localisés de quartier (plans d'affectation du sol). Les entreprises doivent alors chercher des solutions pour relocaliser leurs activités sur un autre territoire, négociant la vente de leurs anciens DDP et cherchant parallèlement la possibilité d’en obtenir de nouveaux ailleurs, ou de devenir copropriétaires ou locataires.

Relocalisation de l’industrie

C’est là que la FTI peut intervenir pour faciliter le passage d’un secteur géographique à l’autre. En effet, outre son rôle dans le projet PAV, la FTI développe des zones industrielles présentes dans différents lieux du canton de Genève: cette activité lui permet de proposer des solutions de relocalisation aux entreprises industrielles du secteur PAV. Le marché immobilier privé fournit également à ces entreprises d’autres solutions possibles de relocalisation. Aujourd’hui, dix à quinze projets de relocalisation de groupes industriels sont concernés par un processus impliquant des rachats et des octrois de DDP. Selon la FTI, ces mouvements se font plutôt sereinement, compte tenu des structures de décisions des entreprises concernées et des temporalités longues consubstantielles aux DDP.

Le cas des PME à vocation artisanale présentes sur le secteur PAV, mais ne possédant pas de DDP est différent. Ces entreprises sont soit propriétaires, soit locataires de leurs bâtiments. Dans les deux situations, une certaine inquiétude – plus forte chez les locataires – peut gagner les dirigeants de ces entreprises, car se pose la question de la continuité ou non de leurs activités dans les limites du projet PAV.

Une centaine de contacts par an

La FTI se veut à leur écoute. «Nous comptabilisons une centaine de contacts par année avec les entreprises. Ces échanges sont plus ou moins poussés, mais ils témoignent de notre volonté de dialogue, d’information et d’accompagnement vis-à-vis des acteurs économiques touchés par le projet PAV», souligne Jean-Manuel Mourelle, attaché de direction à la FTI.

Cette dernière a plusieurs manières de répondre aux besoins des PME - locataires ou propriétaires - qui doivent trouver de nouveaux locaux. D’abord, la FTI possède des bâtiments où elle peut reloger certaines PME, mais ici «les marges de manœuvre sont limitées», de l’aveu même de Guillaume Massard, car les locaux concernés sont déjà très occupés. La zone Praille-ouest, affectée à des activités commerciales mixtes et dont la FTI gère le développement, permet d’offrir davantage de solutions aux PME. Celles qui sont choisies pour occuper un espace de cette zone répondent à plusieurs critères d’éligibilité liés à la nature de leurs activités, à la plus-value qu’elles offrent au secteur urbain (présence de services pour les habitants de la zone urbaine, par exemple) et aux besoins logistiques que leurs activités supposent. La FTI dirige les PME vers de nouvelles possibilités de localisation en étant locataire ou propriétaire. Toutefois, elle soutient aussi d’autres formes d’implantation économique, à la demande même de certaines entreprises: les projets de coopératives industrielles sont ainsi encouragés. Toutes les actions de la FTI se font parallèlement ou en complément des possibilités offertes par le marché immobilier privé. Certaines entreprises n’hésitent pas à discuter avec la FTI et, dans le même temps, avec d’autres promoteurs immobiliers.

Les difficultés à affronter pour les PME sont liées à l’évolution des prix et des loyers, aux possibilités commerciales (zones de chalandise) et logistiques offertes par les terrains disponibles et à la durée plus ou moins longue induite par les projets de relocalisation (souvent cinq ans ou plus).


Le territoire PAV: quelques rappels

 

Le site internet du projet PAV permet quelques rappels. Ainsi, le territoire PAV est «caractérisé par sa situation centrale, la qualité de son accessibilité (rail, route), et sa diversité d'usages et de formes urbaines (industrie, logistique, tertiaire, commerce et habitat). Il est délimité au nord-est par l'Arve, à l'ouest par le coteau de Lancy, au sud par la route de Saint-Julien et le Bachet-de-Pesay, au sud-est par les quartiers des Noirettes et les tours de Carouge». 
Le projet PAV, dont les premiers travaux préparatoires ont débuté dès les années 2000, possède plusieurs spécificités, «en particulier son histoire et son identité basées sur les activités industrielles, une forte structure définie par son plan parcellaire et la présence de grandes entités naturelles et d'infrastructures routières et ferroviaires. Il se situe dans un tissu urbain, économique et social actif et vivant et ne constitue dès lors pas une friche. Sa vocation d'extension de la ville dense devra se réaliser dans un processus de mutation progressive». La durée de ce processus de mutation est prévue sur plusieurs dizaines d'années. 

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