«La treizième rente ne doit pas pénaliser les PME»

La Suisse n’échappera pas à un débat sur le relèvement de l’âge de la retraite.
La Suisse n’échappera pas à un débat sur le relèvement de l’âge de la retraite.
Pierre Cormon
Publié jeudi 22 mai 2025
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#Politique sociale Les Suisses ont accepté le principe d’une treizième rente AVS. Le patronat ne veut pas qu’elle entraîne une hausse des cotisations sociales.

Comment déménager dans un logement plus vaste et plus coûteux alors que l’on a déjà de la peine à boucler ses fins de mois? C’est un peu le problème qui se pose dans le cadre du débat sur le financement de la treizième rente AVS. Acceptée en votation populaire en mars 2024, le versement d’une rente supplémentaire aux retraités devra débuter en 2026. Coût: 4,2 milliards de francs en 2026. Or, le financement de l’AVS est déjà à la peine. Voilà plus de dix ans que les recettes courantes ne servent plus à financer les dépenses. Le système ne se maintient que grâce au fonds AVS – un coussin de sécurité destiné à amortir les fluctuations de recettes et de dépenses. Un peu comme si le salaire d’une famille ne suffisait plus à financer son train de vie, et qu’elle s’en tirait grâce à ses économies.

Cette solution n’est pas durable. Sans mesure supplémentaires, le fonds AVS sera épuisé d’ici à quelques années. Or, les besoins de financement additionnel croissent, notamment à cause de l’évolution démographique (de moins en moins d’actifs financent les rentes de plus en plus de rentiers).

Case départ

Des mesures ont été prises pour redresser la situation, après des années de débat. De nouvelles ressources ont été apportées dans le cadre de la Réforme fiscale et financement de l’AVS (RFFA), acceptée en votation populaire en 2019. Puis avec la réforme AVS21, avec lequel le peuple a notamment accepté en 2022 de relever l’âge terme AVS des femmes à 65 ans. L’introduction d’une treizième rente coûtera cependant à peu près autant d’argent que ces réformes en rapportent. Comme au jeu de l’oie, on est revenu à la case départ.

Il faut donc trouver de nouvelles ressources. Le parlement devra trancher et, quelle que soit la solution adoptée, les chances qu’elle soit attaquée en référendum sont fortes.

TVA

Le Conseil fédéral a proposé de relever la TVA de 0,7 point, sans toucher aux cotisations salariales. La commission de la sécurité sociale et de la santé publique du conseil des Etats a fait une autre proposition. Elle veut n’augmenter l’AVS que de 0,5 point et relever les cotisations salariales de 0,4 point. Le Centre et le Parti socialiste proposent d’alourdir encore la facture en déplafonnant les rentes des couples mariés, sans toucher aux autres avantages qu’ils reçoivent en compensation.

Une proposition inacceptable pour les employeurs, comme l’a montré un congrès sur l’AVS organisé par l’Union patronale suisse, l’Union suisse des arts et métiers (USAM) et l’Association suisse d’assurances le 14 mai à Berne.

Marges faibles

«Beaucoup de PME travaillent dans des secteurs aux marges bénéficiaires faibles», remarque Simon Schnyder, responsable de la politique sociale et de santé au sein de l’USAM. «Elles sont donc très sensibles au montant des charges sociales; chaque pourcent prélevé en plus érode une marge déjà faible.»

Or, les PME constituent l’épine dorsale de l’économie; les affaiblir en renchérissant le coût du travail, c’est affaiblir l’économie dans son ensemble. Mieux vaut donc passer par la TVA, qui a l’avantage de mettre tout le monde à contribution, y compris les rentiers, alors que les charges sociales ne pèsent que sur les actifs. Une position qui rejoint celle de la FER Genève.

Seniors en emploi

Il faudrait encourager davantage les seniors à rester en emploi, estiment les trois organisations. La Confédération a fait des propositions en ce sens. Les employeurs ont aussi un rôle à jouer en adaptant leurs modèles de travail aux besoins des seniors. Le déficit de main-d’œuvre les poussera de plus en plus dans cette direction. A plus long terme, il faudra envisager de relever l’âge de la retraite, en tenant compte des particularités de certaines professions, par exemple dans le bâtiment. «Celui-ci peut, par exemple, être relevé progressivement parallèlement à l’allongement de l’espérance de vie», expliquent les trois organisations. «Il s’agit là du seul moyen d’aborder les problèmes de financement de l’AVS.»

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