#Genève
Alors que le nombre de nouveaux apprentis était si bas qu’on craignait de devoir fermer les classes de plâtriers du canton, elles sont maintenant pleines.
Il était moins une. Après être passé à deux doigts de disparaître, l’apprentissage de plâtrier connaît une renaissance à Genève. On ne comptait que trois nouveaux apprentis en 2024, contre quatorze cette année. Il y avait neuf entreprises formatrices l’an dernier, une vingtaine en 2025. C’est le résultat des efforts de la Chambre syndicale des entrepreneurs de gypserie, peinture et décoration du canton de Genève (GPG).
«Cela faisait plusieurs années que la baisse des effectifs nous préoccupait», raconte Gianluca Caragnano, président de la GPG. «Il était difficile de justifier le maintien des cours pour apprentis à Genève pour deux ou trois nouveaux apprentis par année.» On s’approchait dangereusement du moment où l’Etat, qui finance les cours, aurait pu exiger qu’ils soient transférés à l’Ecole de la construction, à Tolochenaz. Ce que la GPG voulait à tout prix éviter. «Si vous expliquez à des jeunes qu’ils doivent prendre le train pour suivre des cours là-bas, vous n’attirez plus aucun candidat», estime Gianluca Caragnano.
Solutions de fortune
On s’en tirait en groupant les cours des apprentis avec ceux des personnes réalisant un processus de validation des acquis – des adultes sans titre reconnu, mais avec une expérience suffisante pour le mériter, au prix de quelques cours dans les domaines où ils ont des lacunes.
Pourquoi cette désaffection? «Il s’agit d’un beau métier, mais physiquement exigeant et peu connu», répond Gianluca Caragnano. «Tout le monde peut imaginer ce que fait un peintre en bâtiment, pas forcément ce que fait un plâtrier.»
Le lancement d’une campagne de communication a donc été décidé par le comité de la GPG. Une agence de communication, Alternative, a été mandatée grâce au soutien financier de la Fondation pour la Formation professionnelle et continue (FFPC) du canton de Genève.
Campagne sur multicanaux
Elle a conçu une campagne qui s’est déclinée sur différents canaux – transports publics, cinémas, réseaux sociaux, notamment. «Les contenus des réseaux sociaux ont été visionnés plus de cinq millions de fois», se félicite Gianluca Caragnano. «C’est énorme!»
Un site web a été mis en ligne (deviens.ch). Il contient les principales informations sur l’apprentissage de plâtrier, mais aussi de peintre. Il donne la possibilité de s’inscrire à des journées découverte, au cours desquelles on présente le métier dans les nouveaux locaux des cours interentreprises, au Campus Spark. «C’est un grand succès», se réjouit Gianluca Caragnano. «Elles sont toujours pleines.»
Information en or
La base des entreprises formatrices a également plus que doublé grâce à la diffusion d’une information que peu de monde connaissait. «Le maître d’apprentissage n’a pas besoin d’être plâtrier lui-même», précise Gianluca Caragnano. «S’il est peintre avec un CFC, mais que des plâtriers expérimentés travaillent dans l’entreprise, même s’ils n’ont pas de CFC, ils peuvent encadrer l’apprenti ensemble.»
Parallèlement, la GPG collabore avec des acteurs de l’intégration de jeunes locaux et migrants, la Fondation ForPro et le programme Acces II. «Lorsque nous publions une annonce, nous recevons toute sorte de dossiers, qui ne correspondent parfois pas du tout à ce que nous cherchons», raconte Gianluca Caragnano. «Ces structures, en revanche, ne nous envoient que des candidats de valeur.»
Record
Le résultat: quatorze nouveaux apprentis en 2025, un record. Parmi eux, Lenny Da Cruz. «J’ai commencé un apprentissage de mécanicien, puis un autre dans une crèche, mais ils ne me convenaient pas», raconte-t-il. «Quand j’ai fait un stage de plâtrier, en revanche, j’ai tout de suite aimé le métier.» Ludo Jungo, lui, a consenti un sacrifice financier pour entamer l’apprentissage de plâtrier, alors qu’il avait déjà un CFC de peintre. «Je suis passé de trente francs à neuf francs de l’heure», explique-t-il. «Mais au terme de l’apprentissage, je peux espérer gagner trente-cinq francs.» Ersin Donmerz, lui, a entamé son CFC après avoir été plaquiste en France – une profession voisine. Grâce à eux, et à d’autres, un métier ancestral pourra être perpétué à Genève.
Faire des murs, ça ouvre des portes…
Si vous aimez rester assis devant votre ordinateur ou n’êtes pas habile de vos mains, le métier de plâtrier n’est pas pour vous. Sinon, une profession variée s’offre à vous. Fabrication de murs, restauration de moulures, travaux d’isolation, pose de faux plafonds, etc. Toutes ces tâches sont de son ressort.
«Le métier offre de nombreux débouchés», souligne Gianluca Caragnano. «Un plâtrier expérimenté peut espérer toucher sept à huit mille francs de salaire mensuel, passer chef d’équipe, contremaître ou lancer sa propre entreprise. Et s’il passe une maîtrise fédérale de maître plâtrier, un employeur aura de la peine à le retenir avec un salaire inférieur à dix mille francs par mois.»
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