39% de droits de douane, et maintenant? La parole à nos membres!
Les acteurs touchés espèrent un soutien des pouvoirs publics – au niveau national ou cantonal – sous forme de mesures temporaires
Flavia Giovannelli et Daniella Gorbunova
Publié jeudi 21 août 2025
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#Exportations
Le couperet des 39% de droits de douane pour les exportations en direction des Etats-Unis est tombé le jour de la Fête nationale suisse et est entré en vigueur le 7 août.
Le 1er août, le président américain a annoncé sa décision de surtaxer les produits suisses exportés vers les États-Unis de 39%. Le choc a pris de court l’économie suisse dans son ensemble, ainsi que le Conseil fédéral.
Le 5 août, les Conseillers fédéraux Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin se sont rendus à Washington pour rencontrer les autorités américaines. Ils sont rentrés sans avoir obtenu de contre-mesures, mais se sont dit déterminés à poursuivre les discussions. Le 7 août, les taxes annoncées sont entrées en vigueur. Les exportateurs suisses exposés en ont vu les effets immédiats. Pour l’instant, seuls l’or raffiné en Suisse et l’industrie pharmaceutique échappent encore aux surtaxes de 39%.
Pour rappel, les principaux secteurs d’exportation sont les produits chimiques et pharmaceutiques, suivis des machines, de l'horlogerie et des instruments de précision.
L’industrie pharmaceutique est menacée de figurer dans la prochaine vague de mesures punitives, ce qui pourrait lourdement peser sur ce secteur clé des exportations helvétiques.
L’or raffiné, pilier discret mais stratégique de la balance commerciale suisse, pourrait lui aussi perdre son exemption en cas d’escalade, fragilisant un marché déjà sous pression internationale.
L'industrie et la tech sous tension
L'industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux suisse (industrie MEM) exporte environ 75% de sa production. Le secteur de la tech, à lui tout seul, exporte environ 80% de ses produits «et les Etats-Unis offrent à ce titre des débouchés très importants», selon Swissmem, la faîtière de l’industrie technologique suisse.
En effet, en dehors du continent européen, «le marché américain est notre deuxième marché en termes d’exportation, avec 15%», précise Philippe Cordonier, directeur général de Swissmem pour la Suisse romande. «Trois quarts de nos entreprises, essentiellement des PME, font des affaires avec les États-Unis». La plupart ne peuvent pas envisager de délocaliser leur production dans le pays de l’oncle Sam pour éviter les surtaxes, par exemple, explique-t-il.
Trois scénarios possibles
Que se passerait-il si les 39% de droits de douane venaient à être entérinés cet automne? Selon Swissmem, trois scénarios se profileraient pour les entreprises de la mécatronique. Une minorité de grandes entreprises, pour qui un accès au marché américain serait indispensable, pourraient envisager d'exporter leur production aux Etats-Unis.
Mais ce n’est pas une projection réaliste pour les PME. Ainsi, il y a fort à parier que ces dernières continueront (ou en tout cas tenteront) d’exporter outre-Atlantique en répercutant intégralement les nouveaux coûts sur l’acheteur. Philippe Cordonier résume: «au final, c’est le consommateur américain qui paiera, que ce soit via une hausse directe des prix ou par des coûts reportés dans la chaîne de production».
Dernière option, plus ardue à mettre en place, mais peut-être plus viable à long terme: diversifier, encore et toujours. Problème: cela ne se fait pas du jour au lendemain. «Développer de nouveaux marchés prend du temps et ne compensera pas immédiatement les pertes», rappelle le directeur de la faîtière.
Un secteur déjà fragilisé
La nouvelle taxe américaine ne fait qu’aggraver une situation déjà tendue, alerte de surcroît Swissmem. «Depuis deux ans, les entrées de commandes diminuent trimestre après trimestre», confie son président. En cause? La flambée des prix de l’énergie en Europe à la suite de la guerre en Ukraine, la crise de l’automobile allemande dans le cadre de sa transition vers l’électrique et la guerre commerciale entre Washington et Pékin, notamment.
Dans ce contexte de crise prolongée, les marges de manœuvre des entreprises se réduisent fortement. Beaucoup recourent déjà aux réductions de l’horaire de travail (RHT) pour traverser les creux de commandes, par exemple. Mais cette solution temporaire atteint ses limites: Swissmem réclame, étant donné le contexte actuel, un prolongement de ces indemnités - aujourd’hui limitées à dix-huit mois - jusqu’à vingt-quatre mois. «Cela permettrait aux entreprises de garder leurs collaborateurs jusqu’à ce que les marchés reprennent», explique Philippe Cordonier.
L’industrie genevoise appelle au calme
Du côté de l’industrie dans son ensemble, Nicolas Aune, secrétaire général de l’Union industrielle genevoise (UIG) appelle quant à lui à ne pas céder à la panique et à réfléchir à une stratégie à long terme. «Il faut garder la tête froide, analyser les options avant de prendre des décisions précipitées», enjoint-il.
Il rappelle que l’industrie suisse a déjà montré sa capacité de résilience dans d’autres crises. Cette fois-ci, il appelle lui aussi à identifier rapidement les mesures d’accompagnement, qu’elles viennent des associations professionnelles ou de l’État. La prolongation des RHT en fait partie, mais pas seulement: le soutien à l’innovation et à la formation reste central, pour celui qui est aussi directeur Industrie et innovation à la FER Genève. Il insiste sur ce point: «la formation professionnelle ne doit pas être sacrifiée sous prétexte de crise. Au contraire, elle constitue une arme de résilience». Cela dans un contexte où, à Genève comme en Suisse romande de manière générale, la relève fait déjà défaut dans plusieurs métiers techniques.
Un horlocide pour les montres suisses?
Avec des exportations en 2024 de près de vingt-six milliards de francs, l’industrie horlogère constitue le troisième secteur d’exportation suisse. Or, l’année dernière, la branche déplorait déjà une baisse de 2,8% des exportations à l’échelle mondiale et comptait beaucoup sur le marché américain, perçu comme une locomotive à fort potentiel.
«Avec 39% de droits de douane imposés par l’administration américaine, l’horlogerie est touchée de plein fouet», déplore Nathalie Bloch, secrétaire générale de l’Union des fabricants d’horlogerie de Genève, Vaud et Valais (UFGVV). Elle rappelle notamment que le canton de Genève, particulièrement actif dans cette branche, tire à lui seul 2,4 milliards de francs des exportations vers les États-Unis.
En termes d’emplois, le secteur représente soixante-cinq mille postes en Suisse, dont douze mille à Genève et six mille cinq cents dans le canton de Vaud. Autant dire que les enjeux sont considérables, même si les marques disposant d’un puissant réseau aux États-Unis ont déjà massivement garni leurs stocks, pensant ainsi se mettre à l’abri pour un certain temps. Pour la suite, plusieurs options stratégiques sont envisagées.
Absorber tout ou partie de la hausse des coûts dans une vision à moyen ou long terme de préservation de la clientèle. aNégocier une répartition de ces coûts avec les distributeurs américains.
Délocaliser tout ou partie de la production – option compliquée, voire impossible pour les marques attachées au Swiss made, en raison des conditions strictes de la loi Swissness1. De plus, déplacer l’outil de production et le savoir-faire horloger présente de grandes difficultés.
Augmenter le prix des montres et faire ainsi supporter la hausse par le client final.
Des acteurs inégaux
Pour Gregory Pons, fondateur du site Businessmontres, les conséquences diffèrent énormément d’une marque – ou même d’un groupe – à l’autre. «Les maisons cotées en bourse, qui doivent rendre des comptes à leurs actionnaires, ou celles déjà fragilisées auparavant vont y laisser des plumes», relève ce spécialiste de l’horlogerie. La grande question est celle du calendrier: combien de temps pourra-t-on tenir, et qui acceptera encore de rogner ses marges? Nathalie Bloch évoque encore d’autres pistes: la prolongation des RHT, une simplification des formalités douanières afin de réduire les coûts logistiques, l’accès à de nouveaux marchés grâce à de nouveaux accords de libre-échange ou encore une véritable valorisation du label Swiss made.
L’histoire de l’horlogerie suisse est jalonnée de crises – celle du quartz dans les années 1980, celle du franc fort, ou encore la pandémie. Et chaque fois, elle s’en est relevée. Les experts espèrent que cette tentative d’«horlocide» n’aura pas raison d’un secteur qui a toujours su se réinventer.
L’or pèse lourd
Enfin, la question de l’or, matériau privilégié dans le haut de gamme, n’est pas anodine, au vu de l’envolée de son cours sur les marchés. Là encore, les marques ayant déjà de gros stocks d’or s’en tirent sans affronter de surcoûts, tandis que celles qui doivent en acheter font désormais face à une hausse qui pèse aussi sur les coûts de production – en plus des nouvelles taxes.
1Entrée en vigueur en 2012, la loi Swissness vise à mieux protéger les indications de provenance suisse. Pour l’horlogerie, elle impose que 60% au moins de la valeur du mouvement soit réalisée en Suisse.
Pas d’aides de l’Etat, pas de chocolat?
Les Etats-Unis représentent le deuxième plus grand marché pour le chocolat suisse, avec des exportations pour six cent cinq millions de francs. Après l'annonce de la taxation américaine, le fabricant de chocolat Camille Bloch (Ragusa, Torino) demande que la Confédération prenne en charge la moitié des 39% de droits de douane imposés par Washington, pouvait-on lire le 15 août dans les titres du groupe de presse Tamedia.
À la tête de l’entreprise chocolatière, Daniel Bloch estime en effet qu’il s’agit de la seule manière de rester compétitif face aux producteurs européens, qui ne paient que 15% de droits de douane au pays de l’oncle Sam. «Une fois que l’on a perdu sa place dans la distribution, on n’est plus dans le coup», plaide-t-il.
Réintroduire la «loi chocolatière»?
Cette idée rappelle l’ancienne loi chocolatière, abolie en 2019 car jugée contraire aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Or, Daniel Bloch considère que les États-Unis ne respectent pas non plus les règles de l’OMC en imposant des surtaxes punitives: selon lui, Berne pourrait donc temporairement réintroduire un mécanisme similaire.
Une proposition qui a hérissé les poils au sein des milieux économiques. Pour Rudolf Minsch, economiesuisse, «il ne faut pas de mesures de politique industrielle, mais un paquet de mesures pour renforcer la place économique». Swissmem prône un catalogue de mesures allant du soutien à l’innovation à la prolongation du chômage partiel.
Big pharma, clé de voûte des négociations
L’industrie pharmaceutique suisse est sous les projecteurs depuis l’annonce des taxes douanières américaines. Le principal secteur exportateur suisse est pour l’heure épargné par celles-ci. Ce n’est qu’un sursis, Donald Trump ayant donné aux géants du secteur jusqu’au 29 septembre pour baisser leurs prix de 30% à 80% sur le marché américain. S’ils refusent, la sanction sera lourde: les produits pharmaceutiques pourraient à leur tour être frappés par des droits de douane massifs, allant jusqu’à 250%. Avec Novartis et Roche au premier plan.
Pourquoi la pharma est visée
Aux États-Unis, le coût de certains médicaments sont plus élevés qu’en Europe ou en Suisse pour le consommateur. Lors de son premier mandat, le président avait tenté, en vain, de forcer les laboratoires à réduire leurs prix. Il avance que les patients américains «subventionnent» le reste du monde. Il revient donc à la charge, assez prévisiblement, armé cette fois de taxes douanières. Pour limiter les risques de taxes punitives, Novartis et Roche avaient d’ores et déjà annoncé de nouveaux investissements massifs aux États-Unis au printemps, avant même l’annonce des 39%. Novartis prévoit la construction de quatre usines de production et d’un centre de recherche en Californie, pour un montant de vingt-trois milliards de dollars.
Roche, de son côté, prévoit cinquante milliards de dollars d’investissements supplémentaires via sa filiale américaine Genentech, déjà implantée à San Francisco. Objectif: produire localement les médicaments destinés au marché américain et développer des capacités d’exportation depuis les États-Unis. Ces choix pourraient avoir des conséquences pour la Suisse et la région bâloise, centre de gravité de l’industrie, qui risque de perdre une partie de ses emplois et de son chiffre d’affaires.
Collaboration avec la Confédération
Dans la foulée des annonces américaines, les Conseillers fédéraux Elisabeth Baume-Schneider et Guy Parmelin ont rencontré à Berne les dirigeants de Roche et de Novartis pour préparer une réponse coordonnée. Une table ronde officielle avec l’ensemble de la branche est prévue en septembre, avant la fin des négociations attendues en octobre. L’objectif du gouvernement est double: obtenir, bien évidemment, une réduction du taux général de 39%, et éviter que la pharma, pilier des exportations suisses, ne soit frappée à son tour par des surtaxes massives.
Le fromage suisse risque d’être grignoté
Le fromage suisse figure parmi les produits les plus touchés par les taxes annoncées. Ses exportations vers les Etats-Unis représentent de huit mille à neuf mille tonnes par année, soit une valeur d’environ cent quatorze millions de francs. Parmi les spécialités, le gruyère avait réussi une jolie percée sur ce marché. Il se trouve ainsi en ligne de mire. «Nos membres, qui nourrissaient encore un petit espoir avant la visite des Conseillers fédéraux à Washington ressentent aujourd’hui une forte inquiétude. Il est encore trop tôt pour établir un bilan précis, mais nous étions partis d’une estimation de pertes d’environ un quart des exportations actuelles de gruyère vers les États-Unis», déplore Olivier Isler, directeur de l’Interprofession du Gruyère.
Les espoirs déçus du gruyère
Le gruyère AOP a connu une forte croissance sur le marché américain l’an dernier. En dix ans, le volume qui s’y est écoulé a plus que doublé. Près de 40% de la production totale – environ trente-deux mille tonnes par an – est exportée, dont quatre mille tonnes vers les États-Unis. Dans le scénario le moins négatif, les membres de l’Interprofession du gruyère estiment les pertes à environ mille tonnes par an.
Autre difficulté: la filière du fromage suisse dépend du secteur agricole et ne peut pas prétendre à des mesures de réduction du temps de travail pour compenser un éventuel manque à gagner. Quelles solutions sont-elles alors possibles? «Il faut attendre quelques semaines pour voir comment réagiront nos partenaires et les consommateurs américains. Le pire serait qu’ils se détournent de notre offre», estime Olivier Isler.
Redimensionner la production?
En cas de baisse marquée, la branche envisagerait de réduire proportionnellement ses investissements promotionnels. Aux États-Unis, le fromage helvétique attire une clientèle de niche, urbaine, avertie et disposant d’un bon pouvoir d’achat. Il est difficile de prédire ses réactions, mais le risque de la voir se tourner vers d’autres fromages européens réputés est bien réel.
«À terme, en cas de diminution des ventes, il faudrait alors redimensionner la production de gruyère. Nous pourrions encore nous renforcer sur le marché intérieur, qui reste le principal, en misant sur des opérations promotionnelles en Suisse, tout en cherchant d’autres débouchés plus stables que les États-Unis. Dans tous les cas, nous nous attendons à des jours difficiles, car ces changements ne se décident pas du jour au lendemain», conclut Olivier Isler.
Quant aux fabricants de tête de moine AOP, les effets sont désastreux pour ces PME, même si les États-Unis ne représentent que 4% de leurs ventes. Florian Spielhofer, qui dirige une entreprise familiale à Saint-Imier, confiait dernièrement sur le site d’information Watson que dix-sept tonnes de tête de moine AOP risquaient de lui rester sur les bras à cause d’une hausse des prix dissuasive pour son partenaire importateur aux Etats-Unis.
«Il essentiel de rester unis et d’éviter de désigner des coupables»
Cristina Gaggini, directrice romande de la faîtière des entreprises suisses, qui suit de près la situation et échange régulièrement avec le gouvernement, nous livre sa feuille de route pour les entreprises en ces temps troublés.
Quel est le rôle d’econonomiesuisse en ce moment charnière?
Nous échangeons en permanence avec le Conseil fédéral, le secrétariat d’Etat à l’économie et nos membres depuis le début du conflit commercial. Notre objectif commun: réduire sensiblement les 39% de droits de douanes, injustifiés. Il essentiel de rester unis et d’éviter de désigner des coupables. Nous appelons à alléger au plus vite la réglementation et la bureaucratie qui pèsent sur nos entreprises et à renoncer à des lois et ordonnances dans le pipeline. Il en va de la compétitivité de notre place économique. Nous avons communiqué des propositions début mai déjà, complétées depuis. Le Conseil fédéral y est sensible. Il faudra convaincre le parlement.
Les Etats-Unis veulent corriger leur «déficit commercial» avec la Suisse. Est-ce possible et, si oui, avec quelles conséquences?
Être contraints de réduire nos exportations de biens aux Etats-Unis est tout sauf indolore. Nous en prenons – bien malgré nous – le chemin. Depuis avril-mai déjà, les commandes reculent. Les secteurs et les entreprises qui le peuvent envisagent de produire les marchandises destinées au marché américain soit dans l’Union européenne (UE), soit aux Etats-Unis. Enfin, si les droits de douane restent aussi élevés, de nombreuses PME devront renoncer à ce marché. Tout cela n’est ni bon pour notre place économique ni pour l’emploi et la prospérité du pays. D’où l’importance de trouver aussi vite que possible un accord raisonnable, au moins au même niveau que nos principales places concurrentes.
Les entreprises sont-elles assez résilientes pour composer avec ces droits de douanes prohibitifs pendant quelques mois?
Globalement oui, mais la situation varie fortement selon l’exposition au marché américain, le secteur d’activité et la substituabilité des produits. Sans oublier qu’aux droits de douane s’ajoutent le franc fort, l’affaiblissement du dollar et une très grande imprévisibilité. Une chose est sûre: la résilience de nos exportateurs et celle de leurs sous-traitants et fournisseurs est mise à très rude épreuve. Je ne peux que saluer leur sang-froid et leur recherche de solutions à court et moyen termes pour limiter la casse.
Avons-nous vraiment besoin des Etats-Unis?
Les Etats-Unis sont notre premier marché d’exportation, si l’on ne tient pas compte de l’UE dans son ensemble. Ils sont incontournables pour des secteurs qui font notre fierté, en particulier en Suisse romande. Il est donc essentiel de retrouver aussi rapidement que possible des conditions correctes et stables. Mais aussi de stabiliser nos relations avec l’UE et de continuer à conclure des accords de libre-échange.
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