Beat Jans à la FER Genève: patrons, engagez des Ukrainiens!
Daniella Gorbunova
Publié jeudi 30 janvier 2025
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#Emploi
Le Conseiller fédéral Beat Jans est venu à la FER Genève le 16 janvier pour promouvoir l’intégration des réfugiés ukrainiens au marché du travail.
Comment mieux intégrer les réfugiés ukrainiens sur le marché de l’emploi genevois? C’est la question à l’origine de la visite du Conseiller fédéral Beat Jans à la FER Genève, le 16 janvier. Voici ce qu’il faut retenir de cette rencontre entre le ministre, les milieux économiques, l’association Ukraine Reborn et les autorités cantonales.
«Je ne vais pas vous tirer les oreilles», s’est exclamé d’entrée de jeu le Conseiller fédéral. Pourtant, si le chef du Département fédéral de justice et police s’est rendu à la FER Genève le 16 janvier dernier, c’est bel et bien pour s’adresser aux autorités et aux acteurs économiques du canton suisse qui emploie le moins de réfugiés ukrainiens.
A Genève, seules 14,3% des personnes au bénéfice d’un permis S en âge de travailler sont employées, ce qui représente environ trois cent trente personnes actives sur deux mille quatre cents qui pourraient l’être. Cela à l’heure où une étude d’economiesuisse a révélé qu’il manquera à la Suisse quelque quatre cent soixante mille employés au cours des dix années à venir.
Le ministre a appelé les patrons à «tenir compte du potentiel de main-d'œuvre encore inexploité» que représentent les réfugiés ukrainiens.
Objectif: 45% d’actifs
Terre d’accueil, berceau de l’humanitaire, «au fil des siècles, de nombreux réfugiés ont contribué à la richesse de Genève, qui a su leur faire une place», a rappelé le Conseiller fédéral. Ainsi, le bas taux d’occupation constaté est «une réalité, mais pas une fatalité».
En effet, il faudra tendre vers l’objectif fixé par le Conseil fédéral pour 2025, celui d'un «taux d'activité de 45% à la fin de l'année» pour les réfugiés d’Ukraine. Pour ce faire, la Confédération devrait mettre en place des mesures incitatives, notamment alléger les démarches administratives, trop lourdes pour les entreprises, liées à l’embauche de ces personnes. Ivan Slatkine, président de la FER Genève, a rappelé que le «chemin est encore caillouteux» pour un patron qui voudrait donner sa chance à un titulaire de permis S. Il devrait cependant l’être moins en 2025, promet le ministre en visite. Parmi les incitations pour les entreprises, Beat Jans a notamment annoncé vouloir remplacer les autorisations de travail par une simple annonce d’embauche à notifier aux autorités cantonales.
Mieux valoriser les compétences
Autour de la table, les Conseillers d’Etat genevois Thierry Apothéloz et Delphine Bachmann ont eux aussi esquissé des solutions pour mettre davantage d’Ukrainiens au travail. À la tête du Département de la cohésion sociale, le premier a, entre autres mesures, appelé à mieux valoriser les compétences antérieures des personnes qui ont fui la guerre, tout en tenant compte de leur situation psychologique, potentiellement compliquée.
La ministre genevoise de l’économie et de l’emploi, au cœur de la problématique, a souligné la nécessaire collaboration entre l’économie privée et les organes de l’Etat pour mener à bien l’objectif de la Confédération.
Comprendre les besoins des entreprises
«Les entreprises sont prêtes à jouer ce rôle social et l’Etat de Genève est là pour les soutenir», a assuré l’élue. Notamment pour ce qui est de mettre à leur disposition des compétences précises: «Lorsqu’une personne arrive en Suisse avec des compétences qui ne sont pas forcément certifiables, nous travaillons avec les employeurs pour mettre à niveau les potentiels futurs employés».
Outre l’hôtellerie et la restauration, par exemple, «nous travaillons beaucoup avec le secteur de la santé, notoirement en pénurie de main-d’œuvre, pour comprendre ses besoins», a-t-elle précisé. Comme l’a souligné Nadiia Olarean, présidente de l’association Ukraine Reborn, conviée à la table ronde, de nombreux Ukrainiens en Suisse sont formés dans ce domaine et ont exercé comme médecin ou infirmier avant la guerre, bien que ces diplômes ne soient pas reconnus ici.
Plan d’action cantonal pour l’intégration des titulaires de permis S
Chaque titulaire de permis S est orienté sur la base d’un bilan professionnel vers un conseiller en emploi de l’Office cantonal de l’emploi ou de l’Hospice général, qui l’accompagne de manière soutenue, y compris après la prise d’emploi. Ces institutions soutiennent également les entreprises dans les démarches d’embauche, dans l’intégration de la personne sur le lieu de travail et dans le renforcement éventuel de compétences.
Programme d’aide vers l’emploi (PAVE)
Le PAVE offre des avantages significatifs aux employeurs qui recrutent des personnes titulaires d’un permis S. Notamment:
subvention salariale: prise en charge de 40% du salaire brut pendant 6 mois;
formation complémentaire: financement d’une formation en lien avec l’emploi, si nécessaire;
candidats motivés et compétents: les candidats sont soigneusement sélectionnés pour leurs compétences et leur motivation;
accompagnement personnalisé: un conseiller en emploi est disponible pour assurer un suivi adapté.
Pour bénéficier du PAVE, l’entreprise doit offrir un contrat de travail d’au moins 80% (ou 50% dans certains cas, tels que des obligations familiales, motifs de santé ou formation) et s’engager à maintenir le contrat pendant au moins un an après la fin des aides.
Recrutement de titulaires du permis S: cadre légal
Pour engager une personne titulaire du permis S, une demande doit être déposée auprès de l’Office cantonal de la population et des migrations (secteur asile), accompagnée de:
L’Office cantonal de l’emploi invite les entreprises à lui communiquer leurs offres d’emploi à l‘adresse oce.de@etat.ge.ch. Il s’engage à leur proposer des candidats qualifiés et motivés, répondant aux besoins spécifiques des postes. Il se tient également à la disposition des entreprises pour toutes questions et pour les accompagner dans les démarches de recrutement.
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