Des capteurs pour suivre la santé des arbres

Les boîtiers fonctionnent un peu comme une montre  connectée mesurant les paramètres vitaux de la personne qui la porte.
Les boîtiers fonctionnent un peu comme une montre connectée mesurant les paramètres vitaux de la personne qui la porte. Stéphane Krebs
Pierre Cormon
Publié le vendredi 15 décembre 2023
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#Arbres connectés Un boîtier permettant de suivre l’état de santé des arbres en permanence et de lancer des alertes s’ils risquent de tomber a été développé par une entreprise en partenariat avec une HES.

Un arbre a récemment causé une grande frayeur dans la Ville de Cully. Il est tombé dans une cour de récréation. Il était heureusement 18 h 30 et aucun blessé n’a été déploré.

«Le problème avait été anticipé et un périmètre de sécurité installé, mais la cime est tombée au-delà», raconte Sébastien Cornuz, chef de service de la direction des domaines, gérance et sports.

C’est notamment pour mieux gérer ce type de problèmes qu’un système de télésurveillance des arbres urbains a été développé par l’entreprise Krebs Paysagistes et la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève, dans le cadre d’un projet Innosuisse. Il permettra également d’apporter de meilleurs soins à la végétation, de plus en plus exposée au stress lié au changement climatique. Le résultat des recherches a été présenté lors d’un événement public, le 30 novembre à Genève.

Indicateurs

La santé des arbres peut être évaluée à l’aide de différents indicateurs. Parmi eux, l’activité de photosynthèse et la statique (inclinaison, mouvements, etc.) sont particulièrement précieux. Des capteurs ont été installés sur une centaine d’arbres de différentes communes romandes dans le cadre du projet. Ils ont mesuré ces paramètres et transmis les résultats par l’intermédiaire d’un réseau de communication par ondes hertziennes à faible puissance.

L’analyse de ces données permet non seulement de suivre la santé des arbres, mais aussi d’anticiper d’éventuelles chutes. La multiplication des données a permis de tracer une courbe de référence spécifique pour chaque arbre. Tout écart, repérable en un coup d’œil sur l’interface web, peut servir de signal d’alerte.

Détecteur

On peut ainsi déterminer plus précisément les spécimens requérant un simple arrosage ou des soins plus poussés et ainsi prévenir les risques provoqués par des chutes d’arbre. Les partenaires espèrent que ce suivi permettra de prolonger leur durée de vie ainsi que les bienfaits qu’ils procurent (ombre, fraîcheur, biodiversité, etc.) Disposer de données solides permettra aussi de justifier plus facilement l’abattage d’arbres malades, qui suscite souvent l’incompréhension des habitants.

«Je compare les capteurs à des détecteurs d’incendie», raconte Sébastien Cornuz. «Ils ne remplacent pas les spécialistes, ni les inspections sur place, mais permettent de donner l’alerte vingt-quatre heures sur vingt-quatre.» Les capteurs ne pouvant pas être déployés sur tous les arbres, ce sont les spécialistes qui déterminent lesquels ont besoin d’un suivi plus poussé.

Comme les bons fromages, le système est destiné à être affiné. «Les prédictions pourront être améliorées au fur et à mesure que le système récolte des données», explique Peter Gallinelli, maître d’enseignement et chercheur HES.

L’idée est maintenant de créer une entreprise pour commercialiser la solution. «Les boîtiers seront fabriqués dans le canton de Vaud et les données seront hébergées en Suisse romande», assure Stéphane Krebs, maître et expert paysagiste, directeur de Krebs Paysagistes.

Services à la carte

Les concepteurs ont opté pour des boîtiers robustes à faible consommation d’énergie, pour qu’ils puissent fonctionner de manière autonome pendant de longues années.

Ils seront vendus 1950 francs pièce, et le traitement des données et le soutien sera facturé 800 francs par an. Les clients pourront également faire appel à la société pour des interventions, des soins et un service d’urgence ou pour des études et conseils. «Nous avons besoin de cinq cents précommandes pour lancer la fabrication», précise Stéphane Krebs. «Nous avons décidé de ne pas faire appel à des investisseurs, car les marges seront faibles.»

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