Service citoyen: une bombe à retardement économique?
Steven Kakon
Publié lundi 17 novembre 2025
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Un virage majeur proposé en Suisse
Le 30 novembre, les Suisses voteront sur l’initiative populaire Pour une Suisse qui s’engage. C’est un virage majeur qui est proposé, puisque le texte veut transformer l’obligation de servir, aujourd’hui réservée aux hommes, en un service universel de milice, qui concernerait aussi les femmes. Il pourrait s’effectuer dans des domaines variés: armée, protection de l’environnement, aide aux personnes vulnérables, sécurité alimentaire ou prévention des catastrophes. Il reviendrait aux autorités de définir les tâches concrètes en fonction des besoins du pays. Le Conseil fédéral et le parlement recommandent de la rejeter. Si l’objectif d’encourager l’engagement civique séduit, le projet, qui divise la classe politique, soulève de sérieuses inquiétudes économiques.
Coût massif
En doublant le nombre de personnes astreintes (de trente-cinq mille actuellement à septante mille), l’initiative ferait exploser les charges pour les entreprises. Avec deux fois plus de salariés absents, les entreprises en pâtiraient pour compenser les absences de leur personnel, les heures supplémentaires, les pertes de production etc., prévient le Conseiller fédéral Martin Pfister, affirmant que l’initiative «va trop loin». La hausse des coûts salariaux pour les employeurs pourrait aussi ralentir les embauches et faire augmenter les prix.
La facture annoncée est lourde: les dépenses pour les allocations pour perte de gain augmenteraient d’environ huit cents millions de francs et celles pour l’assurance militaire de cent soixante millions de francs. Les cantons, eux, devraient également dépenser des millions pour la coordination de nouveaux champs d’application. «Ce serait alors aux contribuables de payer la facture», souligne Swissmem dans un communiqué. En effet, une hausse des impôts ou des cotisations sociales pesant sur le pouvoir d’achat et la consommation n’est pas à exclure. L’association de l’industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux alerte également sur la pénurie de main-d’œuvre que l’initiative pourrait aggraver. «Aujourd’hui déjà, les entreprises de l’industrie tech et d’autres branches souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée», écrit-elle.
Jean-Luc Addor, conseiller national UDC, livre un autre argument de taille dans Le Temps, sous l’angle des compétences: «Les personnes risqueraient d’être affectées à des tâches pour lesquelles elles sont moins bien qualifiées que celles qu’elles assument tous les jours dans le monde du travail.»
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