Chantiers à Genève: coordination et indemnisation pour les commerçants
Steven Kakon
Publié mercredi 08 octobre 2025
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#Travaux publics
Face à la grogne des commerçants et des transporteurs professionnels, le canton de Genève instaure de nouvelles règles du jeu: des indemnisations systématiques, une coordination renforcée et une gouvernance clarifiée des chantiers.
L’heure du bilan est venue. Cent jours après l’entrée en vigueur de l’Arrêté du Conseil d’État du 18 juin, les autorités genevoises affichent leur satisfaction: la nouvelle stratégie de gestion des chantiers commence à porter ses fruits. Mieux coordonnés, les travaux publics gagnent en efficacité et en lisibilité. Objectif: atténuer leur impact sur les commerces riverains.
«On part pour des années de chantiers», prévient Pierre Maudet, conseiller d’État chargé de la santé et des mobilités (DSM), citant l’exemple emblématique de la gare Cornavin, avec «dix ans de travaux souterrains et dix ans de travaux en surface».
Meilleure lisibilité
La plateforme de planification et de pilotage des chantiers que l’Etat a mis sur pied vise à éviter les chantiers à rallonge et les interventions successives sur les mêmes tronçons. «Il ne sera plus question d’ouvrir des chantiers et d’y revenir quelques mois plus tard», assure David Favre, directeur général de l’Office des transports. Par exemple, un ouvrage ne pourra être ouvert que si aucun autre chantier n’est prévu au même endroit dans un délai de trois ans. Grâce à une meilleure coordination entre l’ensemble des maîtres d’ouvrage, la durée moyenne des chantiers a déjà été réduite de cinq à deux mois et demi.
Indemnisations systématiques
En mai dernier, la FER Genève tirait la sonnette d’alarme. Souvent synonymes de nuisances, les chantiers provoquent une baisse de fréquentation et des pertes de chiffre d’affaires pour les commerces situés en première ligne. Depuis le 3 octobre dernier, le Département de la santé et des mobilités, la Ville de Genève, les Services industriels et les Transports publics genevois (TPG) ont opté pour une méthode d’indemnisation simplifiée, à l’amiable, déjà éprouvée par l’Office cantonal du génie civil. «Jusqu’ici, la plupart des chantiers d’intérêt public ne donnaient pas droit à des compensations», rappelle Pierre Maudet. Désormais, tout commerçant s’estimant lésé par un chantier pourra faire parvenir une demande d’indemnisation au maître d’ouvrage.
La technique de calcul repose sur le différentiel de chiffre d’affaires avant et après le début des travaux, ainsi que le taux de marge du magasin. Son financement? Il ne passe pas par un fonds dédié, mais par un crédit intégré au coût des travaux, estimé à 5% de leur coût total. Au cœur du dispositif, cette mesure vise une procédure d’indemnisation des commerçants plus transparente et systématique. «Ce n’est pas aux commerçants d’aller mendier une indemnisation chez chaque maître d’ouvrage», insiste Pierre Maudet.
Rue de Carouge
Les difficultés des commerçants de la rue de Carouge ont contribué à la généralisation de ce dispositif, qui sera testé jusqu’en juin 2026. Marjorie de Chastenay, conseillère administrative en charge de l’aménagement à la Ville de Genève, rappelle que la municipalité a déjà mis en place un dispositif d’aide d’urgence pour les commerçants de la rue de Carouge, entre le 28 juin et le 5 décembre 2025, doté de 3,3 millions de francs. Celui-ci couvre notamment une partie des loyers.
La suite du chantier servira de terrain d’expérimentation pour la nouvelle méthode d’indemnisation. Basée sur le chiffre d’affaires, «elle a le mérite de viser précisément le dommage effectif subi par le commerce», souligne l’élue.
De son côté, Arnaud Bürgin, directeur général de la FER Genève, salue la mise en place de ces «nouvelles règles de coordination» et d’une «procédure d’indemnisation systématique, que l’on espère pérenne». Il annonce également une collaboration avec la fondation Modus, le canton et les TPG pour promouvoir des plans de mobilité d’entreprise. Objectif: réduire la pression sur les infrastructures routières en favorisant le covoiturage, les mobilités actives et les transports publics.
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