Entrepreneurs: conseils de pros pour préserver votre santé et exemples
Il est important de rester "zen" lorsqu'on est à la tête de sa propre entreprise.
Pierre Cormon
Publié mardi 15 avril 2025
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#PME
Quelques conseils d'experts aux chefs d'entreprise pour préserver leur santé.
Privilégiez la prévention «On doit être conscient de sa situation et des risques qui l’accompagnent», remarque Jacques Pralong, spécialiste en médecine du travail et médecin responsable de la société SwissMedPro Health Services SA, basée à Genève. Une bonne hygiène de vie, suffisamment de sommeil, une bonne alimentation, de l’activité physique, pas de tabac et peu d’alcool peut grandement aider. Le sommeil est l’un des facteurs influençant le plus la santé! «Dormez plus pour entreprendre mieux», s’exclame Olivier Torrès, professeur à l’Université de Montpellier, dans l’ouvrage collectif La santé du dirigeant, qu’il a dirigé. «C’est le premier conseil que je donne aux entrepreneurs.»
Cultivez l’équilibre entre vie privée et professionnelle Gardez du temps pour prendre soin de vous-même et pour vos proches, vous y puiserez de l’énergie pour vos activités professionnelles, recommandent à l’unisson les professionnels. «L’équilibre n’a pas besoin d’être de 50-50, il peut être de 80-20 ou de 90-10, mais il contribuera à vous protéger», note Olivier Torrès.
Diversifiez votre activité, déléguez «Si vous dites plusieurs fois par jour: «j’en ai marre», il est sans doute temps de diversifier vos activités», remarque Olivier Torrès. «Concentrez-vous sur la stratégie et faites confiance à vos collaborateurs», ajoute Mathias Rossi, professeur à la Haute école de gestion de Fribourg. «Les gens sont en principe motivés.»
Partagez avec vos pairs La solitude face à des choix difficiles peut peser sur votre santé. Même un conjoint bienveillant ne peut pas toujours comprendre vos contraintes. Il peut être bénéfique de partager avec d’autres entrepreneurs, par exemple au sein d’une association professionnelle. Mais attention! Ne parlez jamais de prix ou de répartition des marchés avec vos concurrents: cela vous exposerait à une procédure de la commission de la concurrence, réputée pour avoir la main lourde, même avec les PME.
N’hésitez pas à demander de l’aide «Si quelque chose ne va pas, plus tôt vous demanderez de l’aide, plus il sera facile d’y remédier», note Jacques Pralong. Il ne s’agit pas d’un signe de faiblesse, mais de lucidité et de responsabilité.
Prévoyez la possibilité d’une absence Les imprévus font partie de la vie. Le chef d’entreprise peut avoir à s’absenter sans l’avoir planifié. Si tout repose sur ses épaules et que rien n’a été prévu pour le pallier, l’entreprise risque de se trouver désorganisée. «Mettez en place des règles pour que l’entreprise continue à fonctionner au quotidien, même lorsque vous n’êtes pas là», recommande Mathias Rossi. La définition d’une nouvelle stratégie numérique pourra peut-être attendre votre retour. Pas le versement des salaires et des charges sociales.
Bons et mauvais exemples
Entrepreneur lui-même, le spécialiste en médecine du travail Jacques Pralong livre quelques bons et mauvais exemples de gestion de sa santé mentale dans une interview express.
Dans quel contexte êtes-vous amené à vous pencher sur la santé des entrepreneurs? Nous intervenons généralement dans les entreprises pour nous occuper de la santé des salariés. A force de côtoyer les dirigeants, il arrive que nous abordions le sujet de leur santé, notamment quand nous remarquons un problème.
Comment réagissent-ils?
Certains ne veulent pas en parler, car ils estiment que ce serait le signe d’une faiblesse personnelle. C’est notamment le cas dans des secteurs très masculins. D’autres sont soulagés que nous abordions le sujet, car ils ne l’auraient pas fait eux-mêmes. Enfin, une minorité en parle spontanément. Elle est plutôt constituée de femmes et de jeunes.
L’exemple à ne pas suivre?
Celui de la personne très investie dans son activité, qui a peu de temps pour prendre soin de sa santé et de son hygiène de vie. Elle travaille énormément, n’a pas un équilibre satisfaisant entre vie privée et vie professionnelle, fait peu d’activité physique, ne dort pas assez, fume, s’alimente mal, est en surpoids et n’a pas le temps de passer des contrôles médicaux. Quand on lui fait remarquer qu’elle devrait lever le pied, elle répond: «oui, mais je vais d’abord boucler ce dossier». Quand c’est fait, une autre urgence prend la place. Ce type de personne se fait souvent rattraper par sa santé vers la cinquantaine.
Et le bon exemple?
C’est une personne qui contrebalance le stress chronique avec le sens qu’elle accorde à son travail, l’adéquation de son activité avec ses valeurs, la reconnaissance, l’autonomie, l’équilibre entre vie privée et professionnelle et les possibilités de développement. Cela peut lui permettre de supporter des charges de travail de cinquante ou soixante heures hebdomadaires pendant des décennies.
Vous êtes vous-même à la tête d’une entreprise de neuf collaborateurs, comment gérez-vous votre santé?
Je suis très sollicité, mais je m’organise rigoureusement pour contrôler mes horaires. Je commence à travailler très tôt, afin de finir à temps pour aller chercher mes enfants à la crèche ou à l’école et passer du temps avec eux. Nous faisons de l’exercice ensemble, même si j’aimerais en faire plus. Et je m’interdis de travailler le soir et le week-end.
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