Comment les employeurs peuvent limiter les absences pour causes psychiques
Les absences pour raisons psychiques ont connu une progression marquée depuis quelques années.
Pierre Cormon
Publié lundi 20 janvier 2025
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#Ressources humaines
Les absences pour cause de maladies psychiques sont en forte hausse. Des outils peuvent aider les employeurs à limiter le phénomène.
Les absences pour raisons psychiques ont connu une progression marquée depuis quelques années. «Les secteurs dans lesquels on est exposé à un niveau de stress élevé, comme la santé, le social ou l’éducation sont les plus touchés, mais le phénomène ne s’y limite pas», souligne Catherine Foglietta, responsable adjointe du service Adultes de l'Office de l’assurance-invalidité (AI) Vaud. On l’observe aussi bien dans le tertiaire que dans le bâtiment, dans de petites que de grandes entreprises, en Suisse qu’à l’étranger.
En Allemagne, le nombre de cas d’incapacité de travail pour raisons psychiques a triplé entre 1997 et 2019. En Suisse, les indemnisations versées par l’assureur Groupe Mutuel dans le cadre de l’assurance indemnité journalières en cas de maladie (communément appelée perte de gain) ont sensiblement augmenté. En cinq ans, le coût lié aux affections psychiques a crû de 35%. Quant au nombre de rentes d’invalidité accordées pour cette raison, il a progressé de 73% depuis 2014. L’évolution est d’autant plus préoccupante que les arrêts de travail pour raisons psychiques sont généralement longs – 218 jours, selon une étude réalisée sur la base de 1956 dossiers traités par l’assurance Swica. Ils coûtent en moyenne plus cher aux employeurs que les arrêts pour maladies physiques. Ils touchent aussi des assurés globalement plus jeunes. Si le cas aboutit à l’octroi d’une rente d’invalidité, elle sera versée beaucoup plus longtemps, même si certains bénéficiaires parviennent à revenir sur le marché du travail. Cela coûtera beaucoup plus cher, à terme, à l’assurance invalidité, déjà lourdement endettée, ainsi qu’aux autres fournisseurs de prestations sociales (prestations complémentaires, caisses de pension, assistance sociale, etc.).
Plusieurs causes sont avancées pour expliquer cette évolution. L’économie se tertiarise; les travailleurs en col blanc sont plus exposés au burn-out qu’aux chutes. Les exigences de la vie professionnelle et de la vie privée ont augmenté, ce qui peut engendrer un stress supplémentaire. Les réorganisations décrétées verticalement exercent une charge mentale sur les collaborateurs. Les nouvelles technologies brouillent la frontière entre vie privée et vie professionnelle, ce qui peut réduire les possibilités de se ressourcer. La pandémie a laissé des traces chez de nombreuses personnes et les tabous entourant les maladies psychiques sont en partie tombés. «On y est plus sensibilisé, on hésite moins à consulter un médecin à ce sujet, ce qui est une bonne chose», note Carole Nielsen, spécialiste en Corporate Care au Groupe Mutuel.
Si les cas d’abus manifeste sont excessivement rares, selon le Groupe Mutuel, le champ des cas considéré comme maladies psychiques s’est étendu. Cinquante-sept pour cent de toutes les incapacités de travail pour raisons psychiques surviennent en réaction à des offenses ou des conflits au poste de travail, a constaté l’étude Swica. Dans quatre cas sur cinq, la personne peut continuer à travailler dans un autre poste – une personne cumulant deux mi-temps peut continuer à exercer l’un et être en arrêt de travail pour l’autre. Autrement dit, on considère maintenant comme un problème médical des relations conflictuelles qui, jadis, auraient peut-être donné lieu à une démission, à un licenciement ou à un litige aux prud’hommes.
Les problèmes relationnels peuvent engendrer une vraie souffrance; leur médicalisation ne facilite pas pour autant toujours les choses. «En cas de conflit, il est essentiel de dialoguer et, si nécessaire, d’entamer une médiation», observe Frédéric Bracher, membre du Comité directeur de Compasso, un réseau sur le maintien de l'emploi et l'intégration professionnelle. «Cependant, lorsque la personne est en arrêt de travail, le contact est souvent rompu.»
Les employeurs ne sont cependant pas démunis face à cette évolution. Adopter de bonnes pratiques peut limiter le problème.
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