13ème rente AVS: un financement au détriment des jeunes
Véronique Kämpfen
Publié jeudi 10 avril 2025
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Le Conseil des Etats a décidé que la 13ème rente AVS serait financée par un relèvement de la TVA, mais aussi par les cotisations salariales, ce qui renchérira le coût du travail. Les actifs et les employeurs passeront à la caisse pour soutenir une population dite défavorisée, celle des rentiers.
Or, comme le montrent des chiffres récemment publiés par l’Office fédéral de la statistique, les retraités ont un meilleur niveau de vie que les actifs. Leur niveau de privation matérielle et sociale – qui permet de mesurer la proportion de personnes qui doivent renoncer à des biens, à des services et à des activités sociales d’importance pour des raisons financières – est bien moindre que celui des jeunes. Même si le revenu disponible des retraités est moins élevé que celui des actifs, ils arrivent mieux à faire face à des dépenses non planifiées. Leurs dépenses sont en effet réduites et ils disposent de davantage d’épargne. Septante et un pour cent des personnes âgées se disent également satisfaites de leur situation financière contre 54% des plus jeunes. A noter que les personnes en couple à la retraite sont particulièrement bien loties.
La vision qui a prévalu dans la campagne en faveur de la 13ème rente AVS et qui voudrait que la majorité des retraités tire le diable par la queue est un leurre. C’est le même argument qui sous-tend la nouvelle initiative lancée par Le Centre en faveur d’une rente individuelle pour les retraités mariés. On peut être d’accord sur le principe, mais il faut se méfier des effets de bord. Non seulement cette réforme coûtera entre 3,5 et 4 milliards de francs annuels, qui viendront s’ajouter aux 4 à 5 milliards annuels de la 13ème rente AVS, mais elle pourrait se faire au détriment des avantages dont profitent les couples mariés retraités: l’exemption du paiement des cotisations pour l’époux sans activité lucrative, le splitting des revenus déterminants pour le calcul de la rente et celle de veuve ou de veuf. Attention à l’effet boomerang, surtout pour les couples dits traditionnels, qui sont majoritaires dans la génération des retraités, avec un époux ayant davantage cotisé que l’autre.
Les initiants à l’origine de ces textes coûteux insinuent souvent que la situation financière des ménages en Suisse se détériore. Les statistiques montrent que c’est faux. Les chiffres de la privation matérielle et sociale sont stables et le niveau de pauvreté baisse. Celui-ci est un indicateur essentiel qui montre l’importance des aides ciblées, comme par exemple les prestations complémentaires en faveur de personnes frappées durablement par la pauvreté. C’est tout le contraire des mesures arrosoir dans l’AVS, excessivement coûteuses, qui ne viennent pas suffisamment en aide à celles et ceux qui en ont vraiment besoin et qui plomberont durablement le budget des jeunes actifs.
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