Relations commerciales: diversifier pour survivre?

Markus Schlagenhof, secrétaire général adjoint et directeur de la division des relations commerciales de l'AELE.
Markus Schlagenhof, secrétaire général adjoint et directeur de la division des relations commerciales de l'AELE.
Daniella Gorbunova
Publié jeudi 13 mars 2025
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#Diversification Les entreprises suisses qui exportent doivent se diversifier au maximum pour limiter les risques, en particulier dans la conjoncture actuelle.

Le couperet est tombé dimanche 9 mars. Si la Suisse n’a pas été directement visée par le torrent de mesures protectionnistes édictées par le nouveau président étasunien Donald Trump — principalement des droits de douane — dans un premier temps, elle n’échappe finalement pas à la levée de boucliers. Elle a été placée sur une liste de «pays aux méthodes commerciales déloyales» par les Etats-Unis, comme l’a annoncé la cheffe du Secrétariat d’Etat à l’économie Helene Budliger Artieda dans les journaux CH-Medien. 

Dans un monde qui se referme et se polarise, comment les entreprises d’un pays aussi dépendant de l’exportation que la Suisse doivent-elles se positionner? On en parle avec Markus Schlagenhof, secrétaire général adjoint et directeur de la division des relations commerciales de l’Association européenne de libre-échange (AELE). Le Saint-gallois d’origine a conclu de nombreux accords de libre-échange pour la Suisse, en tant que membre de l’AELE, en dehors de l’Europe comme récemment avec l’Inde et avec l’Indonésie. 
Il commence par expliciter: «Le terme libre-échange est en réalité un peu trompeur. Il ne s’agit pas d’un commerce sans limites. Il s’agit plutôt, dans le cas des accords qu’a pour habitude de conclure la Suisse, d’une ouverture avec certaines conditions. Une libéralisation des droits de douane, oui, mais toujours avec des règles et en respectant la législation et des sensibilités des deux côtés. Si on prend l’exemple des négociations avec le Mercosur, qui sont en cours, je peux déjà affirmer que nous ne prévoyons pas une ouverture complète dans le domaine de l’agriculture, et que les conditions cadre de la politique agricole suisse seront prises en compte». Les agriculteurs suisses n’auraient donc pas à en trembler, selon le délégué de l’AELE. 

Du côté des entreprises suisses qui exportent, comment se positionner à l’heure de la montée du protectionnisme et des mesures coercitives des Etats-Unis — qui sont pourtant l’un des principaux partenaires commerciaux de la Suisse? «Qu’on le veuille ou non, les entreprises sont soumises à la concurrence. Si des pays commencent à protéger leur industrie, cela coûtera très cher et faussera la concurrence. Le meilleur conseil que je puisse donner aux entreprises suisses par les temps qui courent est celui de diversifier un maximum leurs marchés. Il faut éviter de se retrouver dans une situation où on est dépendant d’un même marché», analyse Markus Schlagenhof. Il est convaincu que le réseau d’accords de libre-échange de la Suisse et des autres États membres de l’AELE, qui est d’ailleurs l’un des plus importants au monde, aide les entreprises à y parvenir. 

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