L’éco-anxiété mène à une paralysie contre-productive.
Steven Kakon
Publié lundi 08 septembre 2025
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#Analyse
Une angoisse écologique trop élevée tue l’engagement. Néanmoins, à la condition de ne pas céder à la paralysie, l’éco-anxiété peut devenir un puissant levier, pointe un rapport inédit.
La panique ne mène à rien. Quand l’éco-anxiété atteint des sommets, sans pouvoir agir ou être soutenu, elle plonge dans l’éco-paralysie: ce sentiment d’impuissance, d’abandon, voire de retrait émotionnel face à l’ampleur des défis environnementaux.
C’est l’une des révélations du quatrième chapitre du rapport inédit du Groupe international d’experts sur les comportements (GIECo), Drivers of behavioral change and non change in transition times (2025), qui explore en profondeur pourquoi individus, collectifs et organisations changent ou non.
Peur d’un effondrement imminent
Nous sommes avant tout des êtres d’émotions. Le fait souligne comment la psychologie éclaire notre réaction face à la crise environnementale et aux preuves scientifiques. L’émergence massive de l’éco-anxiété pourrait bien marquer un tournant dans la capacité de l’humanité à relever ces défis colossaux.
L’éco-anxiété, c’est cette peur chronique d’un effondrement imminent, ce sentiment d’un désastre écologique qui plane. Une étude récente menée dans dix pays révèle que 45% des jeunes de 16 ans à 25 ans vivent avec cette inquiétude au quotidien.
Contre-productivité
Cette peur peut être un moteur ou un frein. Lorsqu’elle est modérée, elle stimule l’engagement et pousse à adopter des comportements en faveur de l’environnement, surtout si l’on perçoit des moyens d’agir, seul ou collectivement.
L’efficacité perçue est clé. Sans confiance en sa capacité d’agir, ou en celle de son groupe, l’anxiété sature et paralyse. C’est l’éco-paralysie: l’éco-anxiété devient alors contre-productive, enfermant les individus dans l’inaction et menaçant leur santé mentale, parfois jusqu’à provoquer des troubles anxieux ou des épisodes dépressifs.
À l’inverse, un fort sentiment d’auto-efficacité réduit ce risque et canalise l’angoisse vers l’action constructive. Selon les auteurs du rapport, l’éco-colère est souvent un levier d’action plus puissant qu’une peur paralysante. Cette colère nourrit l’énergie nécessaire à la transformation sociale et écologique.
Le rapport du GIECo en bref
Le premier volume de quatre cent six pages constitue un tournant dans la compréhension du facteur humain dans la transition écologique. Les auteurs pointent la limitation des approches fondées uniquement sur la rationalité ou l’information, et l’impératif de repenser les politiques et les pratiques en s’appuyant sur des leviers comportementaux clairement identifiés.
Que contient-il?
Une synthèse rigoureuse de deux cent cinquante études.
Des recommandations concrètes et opérationnelles.
Des clés de lecture pour des démarches de responsabilité sociétale des entreprises, et des démarches en ressources.
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