Le dispositif est en train d’être testé aux Etats-Unis.
Pierre Cormon
Publié vendredi 23 mai 2025
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#Développement durable
Une start-up issue de l’EPFL développe des dispositifs permettant de capter le CO2 émis par les pots d’échappement
Pour les transporteurs, le tournant énergétique est un casse-tête. Le renouvellement d’une flotte exige des investissements substantiels, dans une branche où les marges sont faibles. Résultat: plus de 90% des véhicules de transport de choses immatriculés en Suisse en 2024 fonctionnaient encore uniquement au diesel ou à l’essence. Dans les gros tonnages, la proportion est encore bien plus élevée.
Et si, au lieu d’attendre que les solutions de rechange deviennent concurrentielles, on neutralisait l’impact le plus préoccupant de ces camions? C’est ce à quoi travaille une start-up issue de l’EPFL, Qaptis.
Petite échelle
«Les technologies employées pour capter le CO2 des grandes installations ne peuvent pas être appliquées à petite échelle», explique Masoud Talebi Amiri, l’un des fondateurs. Or, une partie substantielle des émissions de CO2 est le fait de petites sources dispersées: chaudières, véhicules, etc. Les poids lourds servent de pilote pour une nouvelle approche, basée sur une technologie développée par l’EPFL.
Le CO2 généré par le moteur est capté par des membranes, puis liquéfié. La méthode est potentiellement applicable à petite et moyenne échelle, sur des sources fixes comme mobiles, à un coût raisonnable. «Elle pourrait également être adaptée aux bateaux», relève Masoud Talebi Amiri. Pas à l’aviation en revanche, en raison de contraintes techniques et de certification.
Vie prolongée
Cette technologie permettra de prolonger la vie des véhicules: un transporteur pourra diminuer très significativement ses émissions de CO2 sans renouveler sa flotte. La matière et l’énergie qui ont servi à sa fabrication seront préservées. Qaptis vise un coût de production de dix à vingt mille euros l’installation pour un quarante tonnes – auquel il faudra ajouter les coûts de commercialisation et d’installation. L’objectif est de récupérer toute l’énergie nécessaire au fonctionnement du dispositif dans la chaleur dissipée par le moteur. Le CO2 liquide pourra être déposé dans les stations-service. «Les grandes compagnies pétrolières savent le stocker et le transporter», relève Masoud Talebi Amiri.
Le procédé permet en principe de capter 90% du CO2 émis. «Il faudra cependant faire un compromis avec les contraintes économiques: les derniers pourcents de CO2 sont beaucoup plus chers à récupérer que les premiers», note Masoud Talebi Amiri. «Le point d’équilibre se situe aux alentours de 50%, avec une tonne de CO2 à cent euros sur le marché des crédits carbone.»
Miniaturisation
Le grand défi technique est de miniaturiser suffisamment le dispositif pour pouvoir l’installer sur un camion. Le transporteur Friderici a testé un premier prototype et un second est en phase d’essai aux Etats-Unis.
La fabrication et la commercialisation devraient être effectuée par des partenaires qui possèdent l’outil, le savoir-faire et les réseaux nécessaires, comme le fabricant Scania. Qaptis a déposé plusieurs brevets et veut leur accorder des licences.
«Nous proposons de l’innovation en tant que service: nos partenaires nous exposent leurs besoins et nous trouvons une solution, réalisons des études de faisabilité», explique Masoud Talebi Amiri. Si tout se passe bien, la commercialisation pourrait avoir lieu vers 2027.
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